Le parcours littéraire de Verlaine

1.Paul Verlaine

Verlaine est un Poète français. Né à Metz, Paul Verlaine est le fils unique de bourgeois aisés. Son père, officier, est issu d’une famille très catholique et, si sa foi s’étiole dès son enfance, il a baigné dans cette atmosphère religieuse à laquelle il reviendra plus tard dans sa vie. Il découvre tôt ses attirances homosexuelles, qui culmineront dans sa sulfureuse aventure avec Arthur Rimbaud. Il grandit entouré de l’amour de ses parents et de sa cousine Elisa Moncomble, de huit ans son aînée, orpheline que les Verlaine, restés longtemps sans enfants, ont adoptée ; si Elisa ne répond pas à la passion amoureuse que le jeune homme lui voue un moment, elle l’aidera matériellement à publier ses Poèmes saturniens (1866), son premier recueil.

2. Ses débuts poétiques

Après son baccalauréat, Verlaine devient modeste employé à la Ville de Paris. Mais lui qui oscillera sans cesse entre bonheur rangé et sensualité débridée, entre foi et ivresse, ne se contente pas de cette tranquille sécurité. Depuis ses années de lycée, il admire Edgar Poe et écrit des poèmes. Dès 1865 il fréquente des poètes tels que Théodore de Banville et François Coppée (il écrira avec ce dernier « Qui veut des merveilles?? » en 1867), et déclare son admiration pour Charles Baudelaire dans la revue l’Art. La mort d’Elisa, alors qu’il a vingt-trois ans, lui porte un coup très rude et renforce son penchant pour l’absinthe.

Les Poèmes saturniens témoignent de l’influence de la poésie parnassienne sur Verlaine; certains fragments en ont d’ailleurs été publiés d’abord dans le Parnasse contemporain. Mais Verlaine y fait déjà preuve d’une recherche formelle et musicale toute personnelle, alliant à des vers au nombre de syllabes impair une versification moins riche, plus libre, que celle pratiquée alors.

Fêtes galantes (1869), recueil aux inflexions précieuses et libertines, pastiche d’un trait léger les hyperboles de la rhétorique amoureuse. Dans un XVIIIe siècle, période alors à la mode, inspiré des peintures de Watteau, des personnages de romans pastoraux et de la commedia dell’arte se livrent à un léger badinage baigné dans l’irréalité de paysages lunaires. Les différents textes, d’une grande variété formelle, sont empreints d’une mélancolie qui imprègne tout à la fois le paysage et l’âme du poète. Cette fusion du monde extérieur et du ressenti fait intimement partie de l’originalité de Verlaine, les couleurs pâles et ternes correspondant, au sens baudelairien, à la mélancolie.

 

3. Sa rencontre avec Rimbaud et la prison

Il écrit beaucoup de poèmes entre 1870 et 1871. Il en envoie certains à un autre écrivain à la célébrité naissante, Verlaine. Il l’invite à Paris mais le sentiment de supériorité de Rimbaud exaspère le milieu littéraire parisien. S’il est rejeté des auteurs qu’on lui présente, en revanche, il entame une relation amoureuse avec Verlaine, âgé de 27 ans. Ce dernier quitte femme et enfant et va errer avec Arthur en Belgique puis à Londres. 
Le couple se dispute et en 1873, Verlaine tire un coup de feu sur Rimbaud, car ce dernier voulait le quitter (ce qu’il fit d’ailleurs). Verlaine est emprisonné, et Arthur rentre quelques temps se reposer chez sa mère. Il ne reverra Verlaine qu’une fois en 1875.

Avec cette vie en complète rupture avec la morale bourgeoise de son temps, Paul Verlaine est devenu une figure emblématique du « poète maudit » comme Arthur Rimbaud qu'il a fait connaître et qui est mort le 10 novembre 1891.

 

À sa sortie de prison, Verlaine rejoint Rimbaud, alors précepteur à Stuttgart, avec l'intention, semble-t-il, de lui faire partager sa foi ; les retrouvailles tournent court. Mathilde ayant obtenu le divorce, il reprend ses errances. En 1875-1877, il enseigne le français et le dessin en Angleterre (Stickney, Boston, Bournemouth) ; en 1877-1878, à Rethel dans les Ardennes, il donne des cours de français, d'anglais et d'histoire. Après être retourné professer en Angleterre (Lymington, 1879), accompagné de Lucien Létinois (1860-1883), un ancien élève pour lequel il s'est pris d'une amitié passionnée, il se fixe finalement en France (1880).

En 1884, alors qu'il sombre de nouveau dans l'alcool, Verlaine publie Jadis et Naguère, qui compte quelques chefs-d'œuvre, dont son « Art poétique ». La même année, il fait paraître les Poètes maudits, étude consacrée notamment à Tristan Corbière, à Rimbaud, à Mallarmé et à lui-même – sous l'anagramme du « Pauvre Lélian » –, ce qui lui vaudra d'être promu, malgré lui, initiateur du symbolisme.

Guetté par une solitude croissante, il erre ensuite de garnis en hôpitaux tout en publiant des recueils religieux, érotiques ou de circonstance. En août 1894, il est élu par ses pairs « prince des poètes ». Partageant depuis plusieurs années déjà sa vie entre les amours homosexuelles d'occasion et des liaisons plus durables avec des prostituées, il s'éteint à Paris, le 8 janvier 1896, des suites d'une congestion pulmonaire.

4) Situation dans l'histoire de la littérature

Le XIX siècle est traversé par trois grands courants littéraires qui se confondent chronologiquement mais dont le dénominateur commun se résume en  une vue  originale sur l'homme et sur le monde. 

Le romantisme : c'est la fameuse génération de 1830 qui gagne son identité par des œuvres clés qui projètent vers l'art de l'avenir et s'oppose au classicisme; c'est "le cœur qui gouverne la raison", l'expression du lyrisme personnel,de l'imagination et de la sensibilité et l'exaltation du moi  qui transparaît dans deux aspects psychologiques caractéristiques "le vague des passions" et " le mal du siècle". Il représente aussi une communion intense avec la nature et l'humanité tout entière, tout devient sujet pour la poésie en prose ou en vers. "Tout ce qui est dans la nature est dans l'art " V. Hugo Le romantisme tend à la libération de l'art, à un ordre plus souple, au mélange des genres et à l'engagement politique, religieux et social.


Les oeuvres clés :

- " La liberté guidant le peuple" d'Eugène Delacroix / "Hernani " de Victor Hugo / les "Méditations poétiques" d'Alphonse de Lamartine / "La symphonie fantastique" d'Hector Berlioz

Le réalisme : il naît du romantisme en réaction à l'excès d'imagination, de mystère et de fantastique mais aussi d'idéalisme qui déforme la réalité. Il  est en relation avec le positivisme et le scientisme. La nouvelle école littéraire demande le respect  des faits matériels, l'étude des hommes d'après leur comportement, dans leur milieu de théories sociales ou physiologiques. L'art réaliste repose sur le vérisme ou"chosisme" c'est à dire  dans la représentation du spectacle passager, du naturel éphémère dans une technique d'écriture parfaite pour immortaliser l'instant présent. Elle repousse le rêve, la métaphysique et l'imagination. Une grande tendance littéraire illustre cette école : le roman réaliste avec Balzac, Stendhal, Flaubert, Loti, Mérimée, Barrés, Renan, Taine.

 le symbolisme : Beaucoup de poètes de la fin du XIXe siècle se sont plus ou moins réclamés du symbolisme. Mais il faut distinguer une mouvance artistique symboliste qui a pour précurseur Baudelaire et pour disciples Verlaine, Rimbaud, Mallarmé, et une école symboliste qui naît officiellement en 1886 avec la publication dans Le Figaro du « manifeste littéraire »

C’est dans une région de lui-même difficile d’accès, là où l’inquiétude résiste à l’analyse, que Verlaine puise la substance de son art. Le poète mobilise moins l’intelligence que l’intuition, car son but n’est pas de comprendre ou d’expliquer, mais de suggérer.

Dès lors le sentiment devient un véritable saisissement. La richesse de la langue poétique se mesure à l’ampleur des correspondances qu’elle appelle, à la profondeur des impressions qu’elle provoque. Et cette langue toute de nuances – car « la nuance seule fiance / Le rêve au rêve » (« Art poétique ») – abonde d’images aux résonnances décalées : les symboles.

5. le lyrisme et le mystique

Couronné « Prince des Poètes » par ses pairs (1894), Verlaine fait figure avec Stéphane Mallarmé de principal précurseur du symbolisme. Son engagement cependant n’est pas celui d’un chef d’école, et la subjectivité qu’il affiche est ambiguë.

Nombre de poèmes composant le recueil Sagesse montrent que la subtilité impressionniste se complique chez lui d’une aspiration religieuse, échappant aux catégories ordinaires. Si bien que la dimension lyrique et autobiographique apparaît finalement comme l’une des plus caractéristiques de son œuvre, entre regret de l’enfance perdue et fascination de l’amour (Romances sans paroles).

6. La versification

Le vers impair :

Verlaine l’a lui-même signalé, une clef de son art se trouve dans l’emploi privilégié du vers impair (« Art poétique »). Impair, c’est-à-dire composé d’un nombre impair de syllabes, à la différence du vers français classique comme l’octosyllabe ou comme le décasyllabe (huit et dix syllabes), et surtout à la différence de l’alexandrin (douze syllabes).

 Rimes, rythmes et sons :

De la même manière que le vers impair brise la routine du discours, l’atténuation de la rime soustrait la poésie aux repères sonores habituels. « Ô qui dira les torts de la Rime », lance Verlaine, « ce bijou d’un sou / Qui sonne creux et faux sous la lime » (« Art poétique ») ! Cinglant, le poète pourtant ne franchit jamais la limite du vers libre (vers non rimé).

De fait, il s’agit avant tout pour Verlaine de se démarquer de la convention qui consiste à coupler les vers deux par deux, à travers la répétition du dernier pied. Verlaine multiplie les « enjambements », qui soumettent le rythme poétique au sens des phrases et non à la régularité des vers.

7. Ses œuvres

Verlaine a écrits de nombreux poèmes en s’inspirant de Baudelaire et des Parnassiens (Poèmes saturniens, 1866 ; Fêtes galantes, 1869). Son épouse Mathilde lui inspire des vers délicats où se lit l’espoir d’une vie tranquille, heureuse (La Bonne Chanson, 1870). Après la prison, il retrouve la foi et compose ses œuvres les plus inspirées : Romances sans paroles (1874) ; Sagesse(1881) ; Jadis et Naguère (1884). Il publie encore Parallèlement (1889), Chansons pour elle (1891), Élégies (1893), Épigrammes(1894).

 

8. conclusion sur Verlaine

Paul Verlaine porte un visage nouveau dans l’histoire littéraire : il est cet homme inquiet puis déchu, écrivain rejeté à la marge de la société, qu’il a lui-même caractérisé dans les Poètes maudits (1884-1888).

Son œuvre laisse une empreinte forte, à la transition du mouvement parnassien et du symbolisme. En livrant à ses contemporains un Art poétique, Verlaine affirme une esthétique. « De la musique avant toute chose », décrète-t-il, ouvrant la voie à une génération de disciples, hommes de lettres comme lui mais aussi compositeurs – à l’instar de Claude Debussy ou de Gabriel Fauré, qui appliquent des mélodies à ses textes.

Cependant la poésie de Verlaine n’est pas dans la révolte. Elle ne se résume pas non plus à un idéal formel. Au long de plus de vingt recueils, Verlaine déploie une sensibilité singulière, candide et tendre, souvent mélancolique. La liberté de la langue et du vers, garante de la Musique, y trouve sa justification : le poète se propose de dépasser l’analyse de ses impressions, de façon à pleinement les traduire et les exprimer. 

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